Skip to main content

Définir le théâtre (genres et formes théâtrales)

·       Comédie-ballet : genre né de la collaboration de Molière et Lully, la comédie-ballet est un spectacle total formé de l’union de la comédie (partie principale de l’œuvre), de la musique et du ballet. S’il existe depuis longtemps des Divertissements de Cour faisant appel à la musique et à la danse, ce genre ancien, sans aucune prétention littéraire, ne vise que le plaisir du spectacle dans l’instant. L’originalité de Molière consiste au contraire à élaborer une œuvre ménageant un lien plus net entre le texte de la comédie, et les arts d’agrément, la musique et la danse. Le genre décline après la mort de Molière

·       Comédie à l’italienne : structure de comédie inspirée des italiens (et des latins) qui repose sur un schéma récurrent : le désir d'un jeune homme pour une jeune fille, contrarié par un père, une mère, un tuteur et toutes les ruses que va développer le valet du jeune homme pour permettre à ce garçon de s'approcher de la jeune fille, de passer une nuit avec elle, de l'enlever, tout est possible. Le tout se terminant par un mariage. Inspirée de la commedia italienne du XVIe siècle qui reprend à son tour les modèles latins (Plaute notamment), la comédie à l’italienne est la forme dominante de comédie en France jusqu’au XVIIe siècle.

·       Comédie à l’espagnole : inspirée de la comedia espagnole qui s’écarte délibérément des règles au profit d’une esthétique de la représentation en opposant le goût du public aux préceptes théoriques, la comédie à l’espagnole se diffuse à partir de 1640 en France et tend à faire prédominer la veine romanesque : il s’agit d’une comédie d’intrigue, de construction relativement simple, en comparaison des comédies italiennes pleines de rebondissements. Ses personnages sont stéréotypés et le ton y est toujours exalté et passionné.

·       Comédie héroïque : inventé par Corneille en 1650 avec Don Sanche d’Aragon, ce genre hybride, différent de la tragi-comédie en vogue trente ans plus tôt, met en scène des princes et des rois, ses intrigues ont trait à des intérêts d’État, son action s’achève de façon heureuse et son discours est d’un ton relevé. La comédie héroïque s’appelle comédie parce que elle se termine par un mariage et parce que le seul intérêt est la crainte de la perte d'une maîtresse ; elle s’appelle héroïque parce que les personnages sont ceux de la tragédie : les rois, les reines, les grands seigneurs.

·      Commedia dell’arte : expression italienne qui indique, le principal théâtre professionnel (dell’arte) en Occident, apparu en Italie au XVIe siècle. à l’origine les comédiens italiens représentaient des comédies et des tragédies traditionnelles ; dans un second temps, face à des publics étrangers, ils développèrent un théâtre fondé sur les personnages types de la comédie latine et dans lequel la gestuelle y domine l’expression verbale. Les pièces reposent sur des canevas lâches relevant de la comédie d’intrigue tandis que l’improvisation des comédiens est strictement codifiée.

·      Moralité : genre théâtral médiéval, la Moralité est essentiellement une pièce allégorique. Dans la presque totalité des pièces une grande partie des personnages sont abstraits ou collectifs: ils symbolisent une classe de la société, un vice, une vertu, une qualité de l’esprit, parfois les choses les plus inattendues. Quant aux personnages individuels, ils sont généralement anonymes: le Père, le Fils, etc...; et les noms empruntés à l’histoire, à la légende ou à la Bible sont très rares.

·       Mystère : genre théâtral apparu au XVe siècle, le Mystère tire son origine des fêtes spectacles qui avaient lieu sur le parvis des églises au Moyen-âge et qui étaient destinées à faire vivre l’histoire sainte devant un public illettré. Il se compose généralement d'une succession de tableaux animés et dialogués, il peut être très long (jusqu’à 60 000 vers) et comporter de nombreux personnages (jusqu’à 500). On distingue trois cycles : les mystères sacrés, les mystères religieux, les mystères profanes. La représentation des Mystères fut interdite en France par arrêté du 18 novembre 1548 du Parlement de Paris.

·       Pastorale : à l’origine genre poétique fondé sur des dialogues de bergers et de bergères, cela donne naissance à des romans au début du XVIe siècle, et puis à des pièces de théâtre dans le dernier quart du XVIe siècle. La structure récurrente est celle d’un berger qui aime une bergère qui ne l'aime pas. Ce qui permet de se plaindre, de supplier, d'exprimer son amour et de l'autre côté de repousser cet amour, de se plaindre qu'on est aimé par quelqu'un qu'on n'aime pas dans celle qu’on appelle une chaîne amoureuse.

·       Petite pièce : courte pièce le plus souvent composée d’un seul acte. Elle est programmée en accompagnement d’une pièce plus longue et jouée au XVIIIe siècle après la grande pièce.

·       Théâtre baroque : en matière théâtrale, le concept a été inventé au XIXe siècle pour tenter d’expliquer pourquoi les chefs-d’œuvre en Italie, en Espagne, et en Angleterre ne se conforment pas aux caractéristiques « classiques » des Français, et pour donner une assise théorique et valorisante à l’irrégularité, au monumental, au spectaculaire. Il s’oppose au théâtre classique.

·      Théâtre scolaire : un théâtre qui se développe dans les collèges de l'université et particulièrement dans deux types de collèges tenus par des ordres religieux qui ont le théâtre comme pratique pédagogique, qui sont les jésuites et les oratoriens. Chez les jésuites en particulier, s’institue une pratique théâtrale qui consiste à faire écrire par le régent, c'est-à-dire le professeur, une pièce sur un sujet saint, sur un sujet religieux, généralement l’histoire d'un martyr chrétien. Les élèves de la classe de première (classe de rhétorique) la répètent tout au long de l'année ; cela donne un spectacle en grande pompe le jour de la remise des prix, à la fin de l'année scolaire.

·     Tragédie à machines ou tragédie mythologique à grand spectacle : spectacle dans lequel divers moyens mécaniques sont utilisés pour procéder à des changements de décor ou créer des effets particuliers (vols, disparitions brutales, métamorphoses, …).

·       Tragédie classique ou régulière : la tragédie régulière qui sera appelée rétrospectivement tragédie classique s’oppose à la tragédie irrégulière ou baroque en raison de son respect de règles strictes, et notamment des règles d’unité de lieu, d’unité de temps et d’unité d’action.

·       Tragédie élégiaque : spectacle entièrement fondé sur une séparation amoureuse et dans lequel les amants ne se retrouvent que dans la mort.

·     Tragédie française lyrique ou tragédie française en musique ou l’opéra français : genre spécifiquement français inventé par Lully qui voulait concurrencer l’opéra italien, la tragédie française lyrique se développe en France dans le dernier quart du XVIIe siècle. Elle est issue de la fusion et prolongement de la pastorale, de l’air de cour, du ballet, mais aussi de la tragédie dont elle reprend la structure en cinq actes et le rapport à la vraisemblance. Elle cherche à mêler intimement la fable et la musique, notamment à l’aide des récitatifs.

·       Tragédie romanesque ou galante : genre théâtral dans lequel tout est concentré sur l'amour et la volonté de tout sacrifier, non pas à l'amour lui-même, mais à la personne qu'on aime.

·       Tragicomédie : pièce de théâtre dont l'action est romanesque, l'intrigue tragique et le dénouement heureux, la tragicomédie est un genre à plusieurs fils, sans unité d’action qui privilégie l’inventio par rapport à la dispositio, le sujet et son déploiement au détriment d’une vision harmonieuse et d’une imitation vraisemblable. Son éclosion dans les années 1630-40 permet à la modernité de s’imposer en écartant les règles anciennes pour fonder la tragicomédie sur des principes nouveaux.

 

Dire le théâtre (déclamation, rhétorique et versification)

·       Action : ou actio ou prononciatio (en latin) : utiliser les gestes, les mimiques et la voix (les effets de voix), pour reproduire le discours. Il s’agit de l’une des cinq opérations principales qui permettent  de composer un discours avec l’invention, la disposition, l’élocution et la mémoire.

·      Alexandrin : vers de douze syllabes divisé en deux hémistiques de six syllabes achevés chacun par un accent de groupe. Il s’agit du vers le plus répandu dans le théâtre classique.

·      Confirmation : partie du discours qui rassemble les preuves et les arguments destinés à prouver ce qu’exposait la narration, et souvent aussi à réfuter les arguments de l’adversaire (refutatio).

·       Déclamation : art vocal pratiqué par l’acteur, la déclamation est claquée sur les techniques oratoires décrites dans les traités de rhétorique. Elle consiste en un travail sur la prononciation, le rythme et le ton régi par des règles qui varient selon l’acteur et en fonction de la nature du texte (tragique ou comique, en vers ou en prose).

·      Disposition : ou disposition (en latin) : mettre en ordre ce qu’on a trouvé. C’est ce qui aboutit au plan du discours. Il s’agit de l’une des cinq opérations principales qui permettent  de composer un discours avec l’invention, l’élocution, l’action et la mémoire.

·       Distique à rimes plates : séquences rimiques arquées par la simple succession des rimes (aa bb cc)

·      Double énonciation théâtrale : fondement de l’art du théâtre, c’est lorsque l’auteur de théâtre s’adresse aux spectateurs mais à travers des personnages qui s’adressent les uns aux autres.

·       élocution : ou elocutio (en latin) : c’est énoncer ce qui a été mis en ordre en choisissant ses mots et en l’ornant par des figures. C’est, en somme, le style du discours. Il s’agit de l’une des cinq opérations principales qui permettent  de composer un discours avec l’invention, la disposition, l’action et la mémoire.

·     Exorde : partie du discours visant à susciter la bienveillance de l’auditoire (captatio benevolentiae), d’attirer son attention sur le sujet du discours et éventuellement de lui présenter l’articulation du raisonnement.

·       Invention : ou inventio (en latin) : trouver quoi dire. Une fois le thème du discours choisi, l’orateur ou l’écrivain cherche tous les arguments relatifs au thème, tous les moyens de persuader et d’émouvoir l’auditoire à propos de ce thème. Il s’agit de l’une des cinq opérations principales qui permettent  de composer un discours avec la disposition, l’élocution, l’action et la mémoire.

·       Narration : partie du discours qui contient l’exposé des faits, le récit. Essentielle dans les genres judiciaire et épidictique (dont elle constitue la plus grande partie), elle est moins importante dans le genre délibératif qui porte sur l’avenir, et peut y être omise.

·      Péroraison : partie du discours qui en contient la conclusion. Elle comprend la récapitulation qui résume l’argumentation ; la passion (pathos) qui vise à émouvoir le spectateur (pitié ou indignation) ; éventuellement l’amplification destinée à rehausser l’importance du fait exposé.

·       Réfutation : sous-ensemble de la confirmation, il s’agit de la sous-partie qui vise à réfuter les arguments de l’adversaire.

·       Réplique : ce qui permet à un personnage de répliquer à un autre. La réplique, par opposition à la tirade, est normalement brève.

·       Stance : forme particulière de monologue, de tonalité lyrique, qui se définit en général par des strophes hétérométriques et une disposition de rimes différentes

·      Stichomythie : débat où, comme dans le théâtre grec, les interlocuteurs se répondent de manière symétrique, vers par vers puis, par extension, en répliques courtes. Cette forme stylise généralement un affrontement verbal dans lequel deux interlocuteurs défendent des positions antagonistes. les répliques se répondent donc terme à terme, comme des sentences propres à justifier des actions opposées.

·      Tirade : terme qui dérive du verbe « tirer » ; forme d’expression théâtrale déséquilibrée qui comporte le discours prolongé d’un personnage. Il y a la tirade de déploration, d'inquiétude, de délibération et il y a la tirade qui va accueillir le récit.

 

Jouer le théâtre (acteurs, spectacles et matérialité du théâtre)

·     Brouhaha : bruit confus généré par une foule, et qui est souvent un signe d’approbation ou de désapprobation. Lors des matinées théâtrales, le « brouhaha » était  notamment un signe d’approbation du public pour les morceaux de bravoure des acteurs. Le dictionnaire de Furetière le définit ainsi : « Bruit sourd et confus qu’on entend dans les assemblées où l’on fait des discours publics et où l’on donne des spectacles, lequel témoigne l’admiration ou l’applaudissement des assistants quand il s’y trouve quelque chose d’éclatant et qui touche l’esprit. »

·     Cabale : en matière de théâtre, le terme désigne un complot formé dans le but de faire tomber une œuvre ou un acteur. Une partie du public était payée et dressée pour faire tomber la pièce en question.

·      Décor unique : le décor qui obéit rigoureusement à l’unité de lieu. Souvent une salle indistincte d’un palais, dans laquelle peut se dérouler la totalité de la pièce.

·       Entracte : pause intervenant à la fin de chaque acte, au cours de laquelle le public était distrait par des danseurs, des musiciens ou des vendeuses de confiture.

·        Infamie : caractéristique légale qui empêche quelqu'un, qui est frappé d’infamie, de témoigner en justice par exemple. C’était le cas des comédiens.

·       Jeu de paume : ancêtre direct de la pelotte basque, il joue un rôle central dans le développement du théâtre en France car les troupes prirent l’habitude de jouer dans des jeux de paume en transformant la salle de jeu en salle de théâtre, d’où la forme rectangulaire des salles françaises.

·       Matinée de théâtre : c'est-à-dire une après-midi de théâtre, commençant officiellement à quatorze heures. Elle était constituée, dans un premier temps, par une pièce en cinq actes avec un réel entracte. à partir de 1660, à la pièce en cinq actes s’ajoute une petite pièce qui vient prolonger d’une demi-heure la matinée théâtrale.

·       Morceau de bravoure : séquence de texte particulièrement virtuose ou inventive qui permet à l’acteur de mettre son talent en valeur.

·       Orateur de la troupe : membre de la troupe capable d’écrire une petite pièce à jouer en complément de la grande pièce.

·       Troupes de campagne : comédiens ambulants qui vont des troupes de temps en temps protégées, de temps en temps complètement livrées à elles-mêmes et des petites troupes comme aujourd'hui les cirques.

·       Troupes protégées : troupes de théâtre qui circulent à travers la France, qui sont protégées par un très grand seigneur ou un prince étranger. Contrairement aux troupes ambulantes, ces troupes voyageaient confortablement, elles avaient des voituriers qui s'occupaient de leurs bagages et de leurs décors, elles circulaient, dès qu'il y avait des cours d'eau, sur des coches d'eau. Exemples : la troupe du duc d’Épernon, la troupe de la Grande Mademoiselle, la troupe du duc d'Orléans…

·       Théâtre à l’italienne : théâtre à forme circulaire sur le modèle des amphithéâtres des grands théâtres grecs ou odéons, et sur le modèle des théâtres latins.

 

Fabriquer le théâtre (théories, règles et techniques d’écriture)

·        Action médiatisée : lorsque le héros agit à travers un autre lui-même, sous forme de déguisement.

·       Bienséance : « ce qui convient ». Il s’agit d’une notion double : réaliser un accord harmonieux entre les divers parties d’une œuvre ainsi qu’entre chacune d’entre elles et le tout (bienséance interne) ; rester en harmonie avec le public dont il ne faut choquer ni le goût ni la morale (bienséance externe). La bienséance implique le respect de règles strictes.

·       Catharsis : purification et/ou épuration en grec, il s’agit du principal effet de la tragédie selon Aristote. La tragédie recèle en elle-même la capacité donc de suggérer des émotions violentes mais d'éliminer ce qu'il y a d'insupportable dans les émotions violentes, donc de transformer les émotions violentes en source de plaisir.

·       Chaîne amoureuse de la pastorale : le schéma fondamental peut se résumer en une phrase : « J'aime qui me fuit et je fuis qui m'aime ». Il s’agit de la structure typique de la pastorale.

·       Comédien-auteur : contrairement à un poète dramatique, le comédien auteur – dit en France comédien-poète – n’est pas un poète à l’origine, il est avant tout acteur, comédien et il arrive à l’écriture théâtrale à travers son expérience d’acteur. Il écrit également pour lui, il crée son propre rôle.

·      Constance du caractère : élément primordial dans la construction des caractères, la constance implique qu’il ne peut y avoir de rupture dans la caractérisation d’un personnage. Une fille qui est introduite comme « fille » ne peut ensuite se comporter comme amante, un homme vertueux devra le rester tout au long de la pièce. Autrement, il y a rupture dans la constance du caractère et atteinte à sa bienséance.

·      Coup de théâtre : appelé par Aristote péripétie et considéré par lui comme un élément incontournable d’une bonne tragédie, le coup de théâtre est un évènement interrompant brutalement l’action d’une pièce et inversant son cours.

·       Déduction : méthode de composition dramatique qui consiste à étendre une matière réduite et qui s’oppose à la méthode de réduction (trancher dans une vaste matière, dont on suit les grandes lignes). Utilisée notamment par Corneille qui la fera passer à la tragédie, la méthode de déduction présente un schéma de base récurrent (typique des comédies) : union, désunion (ou séparation), réunion.

·       Dénouement : résolution de l’intrigue à la fin de la pièce. Selon la dramaturgie classique toute œuvre théâtrale doit comporter une exposition, un nœud et un dénouement. Selon Aristote, dans une tragédie le dénouement peut comporter un passage du bonheur au malheur (la plupart du temps) mais également du malheur au bonheur.

·       Développement ab ovo : quand l'histoire commence, rien n'est déjà entamé et ce système narratif issu du roman est souvent qualifié de développement ab ovo, « depuis l’œuf » en latin. Ce développement est typique de la tragicomédie.

·       Dilemme cornélien : Un sujet impossible c'est-à-dire un sujet dans lequel à tout moment le héros est confronté à une impossibilité d'agir.

·       Exposition : premier moment d’une pièce qui a pour fonction de présenter les personnages, de situer l’action et de porter à la connaissance des spectateurs les éléments nécessaires à la compréhension de l’intrigue. Elle est suivie d’un nœud et d’un dénouement.

·       Héros « aux mains pures » : ce que Corneille appelle le « héros aux mains pures » c'est celui qui préfère se laisser mourir ou se laisser submerger plutôt que d'intenter à la vie du proche, du père, du frère, de la mère qui veut le faire disparaître.

·       Nœud : moment d’une pièce où se nouent les fils de l’intrigue, où le conflit central, qui définira l’action est enfin en place. Il est précédé de l’exposition et suivi du dénouement.

·       Passions tragiques : les passions tragiques sont les passions propres à la tragédie. Il s’agit selon Aristote de la frayeur et de la pitié. Elles sont suscitées par le spectacle du conflit tragique (des événements extraordinaires comme ceux qui font s’entredétruire les membres d’une même famille).

·       Péripétie : dans la poétique classique, la péripétie est un retournement de situation qui noue à nouveau le nœud alors qu’il semblait pouvoir se défaire. Pour Aristote, il s’agit d’un coup de théâtre qui implique le passage du malheur au bonheur ou inversement, la péripétie la plus efficace étant celle qui est alliée à une reconnaissance.

·       Poète dramatique : le poète dramatique est un auteur au sens « classique », c’est-à-dire un docte qui écrit pour le théâtre, qui est avant tout un poète et non pas un acteur. Il s’oppose au comédien-auteur.

·       Raccommodage : pratique d’écriture théâtrale typique du comédien-auteur consistant en un montage d’éléments venus de diverses sources. Il s’agit d’un travail « dell’ arte » proche de celui des acteurs-auteurs italiens de la commedia dell’arte. Cette pratique prête son nom à un certain type de pièce.

·       Réduction : voir définition de « déduction »

·      Règle des trois unités : pierre de touche de l’esthétique classique et condition supposée de la vraisemblance de la représentation, la règle des trois unités préconisait que l’action d’une pièce fût une, se déroulât en vingt-quatre heures et en un lieu unique.

·       Règle de la liaison des scènes : règle visant à faire en sorte que devant les yeux des spectateurs il y ait toujours des personnages en action, afin que la scène ne soit jamais vide, ce qui serait peu vraisemblable.

·       Règles de l’unité d’action : la concentration autour d'une seule action, cette règle était déjà plutôt explicite chez Aristote pour lequel les événements peuvent être nombreux mais reliés les uns aux autres par un lien de nécessité et concourir à l’aboutissement de l’action. Au XVIIe siècle on spécifie qu’une action principale doit clairement se distinguer des actions secondaires dans un rapport de subordination logique. Des trois règles d’unité, il s’agit de la plus consensuelle.

·       Règle de l’unité de lieu : règle qui impose que le lieu de la représentation reste toujours le même. Aristote n’envisage pas la question du lieu et c’est ainsi celle des trois règles d’unité qui s’impose le plus lentement ; une homologie exacte entre l’espace scénique et celui de l’action ne s’impose pas immédiatement. Dans les années 1630 la norme est encore déterminée par rapport au temps : est considéré comme vraisemblable l’espace qu’un personnage, dans des conditions réelles, pourrait parcourir en vingt-quatre heures, soit une ville et sa périphérie. C’est D’Aubignac qui imposera une interprétation stricte de la règle.

·       Règle de l’unité de temps ou des 24 heures : la plus connue des trois règles d’unité est la règle d'unité de temps, c'est-à-dire la fameuse règle des vingt-quatre heures. Aristote précise que la tragédie doit tenir dans une seule révolution du soleil, ce qui peut être interprété comme le laps de temps correspondant à ce qu’on appelle le jour naturel (24 h) ou à ce qu’on appelle le jour artificiel (12 h, du lever du soleil à son coucher). Le fond du problème et qui rend complexe l’application de la règle est le décalage qui existe entre la durée de l’action et celle de la représentation ; la coïncidence parfaite est donnée comme idéal à atteindre (3h de représentation = 3 heures d’action).

·       Retournement sublime : le fait que le dénouement passe par une inversion de ce qu'on attendait. Au dernier moment on attendait que quelque chose arrive et c'est autre chose qui arrive. C'est le modèle d’Œdipe Roi de Sophocle.

·       Schéma de l’amant ennemi : deux amants qui sont séparés par des familles ennemies ou bien deux amants qui sont séparés par un malentendu qui fait croire que le héros est responsable de la mort de l'héroïne. Ce schéma de l'amant ennemi débouche souvent sur un mariage.

·       Surgissement des violences au sein des alliances : il s’agit de l’opposition et du conflit entre personnes proches, amies ou appartenant à la même famille, condition indispensable selon Aristote afin qu’une tragédie suscite les passions tragiques. Corneille est du même avis : pour atteindre une tragédie parfaite il faut faire intervenir – selon lui – « la proximité du sang et les liaisons d’amour ou d’amitié entre le persécutant et le persécuté, le poursuivant et le poursuivi, celui qui fait souffrir et celui qui souffre ».